NAHOURINEWS
Education La Une

«Notre souhait c’est de voir cette bibliothèque renaître de ses cendres », Atahounè Alira

Notre interlocuteur du jour est cultivateur à Tangassogo, village situé au sud de la commune de Tiébélé prêt de la frontière du Ghana. Il est membre de l’association Diin Lama/Burkina dudit village qui travaille en partenariat avec l’association Diin Lama/France depuis plus de deux décennies. Atahounè Alira, puisque c’est de lui qu’il s’agit était le gérant bénévole de la bibliothèque Diin Lama dotée par son partenaire de France en 2015. Nous l’avons rencontré le 31 décembre dernier sur les traces de ladite bibliothèque qui était logée non loin du maquis « trois manguiers » de Tangassogo. Avec lui, nous avons parlé de son association , de la bibliothèque «Diin Lama»,  les raisons de son dysfonctionnement et son éventuelle réhabilitation. Sans détour, il a accepté de répondre à nos questions. Voici l’exclusivité de notre entretien.

Nahourinews: Bonsoir, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonsoir. Je suis Atahounè Alira, agriculteur à Tangassogo et membre de l’association Diin Lama/Burkina.

 

Pouvez-vous nous parlez de votre association

Merci. L’association Diin Lama a été créée depuis 2003 dans le village de Tangassogo. L’objectif principal de l’association est de sauvegarder le patrimoine culturel basé à Tangassogo (Tiébélé). Nous intervenons aussi dans le domaine de l’éducation et la santé.  Il y a aussi des projets de rémunération pour les femmes. En un mot, le développement communautaire avec nos partenaires Diin Lama/France.

Vous venez de dire qu’en plus du patrimoine culturel, vous intervenez dans plusieurs domaines dont celui de l’éducation. Alors, parlez nous de la dotation de la bibliothèque Diin Lama par vos partenaires.

Effectivement la bibliothèque a été dotée par nos partenaires de France Diin Lama/France en 2015. Nous avons reçu tout ce qui est comme documents pour l’éducation surtout pour le secondaire. Elle était construite en banco et les élèves venaient s’abonner à 500 FCFA par an. Cette somme qu’on prenait nous permettait juste de nettoyer les lieux. Et l’élève pouvait prendre le document et l’exploiter pendant deux semaines et revenir changer s’il le désire. On a fait ça pendant deux ans. Malheureusement avec l’abondance des pluies, la bibliothèque s’est écroulée. On a ramassé tous les documents mettre en lieu sûr. Mais jusqu’à l’heure où je vous parle, on a pas encore pu reconstruire une autre bibliothèque. Tous les documents sont toujours là. Donc on est entrain de voir dans quelle mesure, il faut faire renaître cette bibliothèque de ces cendres. Notre projet c’est de la reconstruire et de la mettre en marche. C’était moi même qui la gérais à titre bénévole.

Ce qui reste de l’écroulement de la bibliothèque Diin-lama

Avant l’écoulement de la bibliothèque n’arrive, aviez-vous demandé la collaboration de la collectivité, notamment la mairie ou des établissements d’enseignement de Tangassogo dont le collège de Tangassogo, dans le cadre de la gestion de cette bibliothèque ?

Il faut dire qu’on avait passé l’information au niveau de la mairie pour dire qu’il y a une bibliothèque à Tangassogo et que tous les élèves de la commune peuvent venir se documenter. Du côté du CEG de Tangassogo, on a été voir le directeur d’alors et on lui a fait savoir qu’on a doté notre association d’une bibliothèque. On avait précisé que la bibliothèque c’est pour les élèves, c’est pour le lycée. Ce n’est pas pour nous même. Mais ils( les élèves ) doivent venir s’abonner. Il faut préciser qu’au moment où on construisait la bibliothèque, tous les directeurs des différents établissements de Tangassogo avaient reçu des ordinateurs pour saisir leurs données. La mairie avait également reçu un ordinateur. Donc ils sont tous au courant qu’il y avait une bibliothèque qu’il fallait venir exploiter. Il y avait même quelques documents du primaire notamment la grammaire, la conjugaison mais ce n’était pas en nombre suffisant. Le gros lot c’était pour le secondaire.

C’est donc une information que vous aviez passé aux différents acteurs comme vous venez de le dire. Alors  revenons sur les conditions d’accès à cette bibliothèque.

Les conditions c’était de s’abonner au prix forfaitaire de 500 FCFA par an. Et quand l’élève venait pour s’abonner, il devait renseigner une fiche concernant son nom et prénom (s) et la date à laquelle il a pris le document. Après, il avait deux semaines pour le ramener et changer s’il le veut. Vu aussi les conditions de vie de certains élèves, il y a des personnes vulnérables, comme on vit ensemble, on permettait à certains élèves de venir prendre, sans payer, aller exploiter puis ramener. L’essentiel est de ne pas détruire les documents puisque c’est pour longtemps, c’est pour leurs petits frères qui viendront après. Les directeurs, eux ne s’abonnaient pas. Ils peuvent venir prendre gratuitement aller étudier et ramener.

On le sait, c’était de façon bénévole que vous gérez cette bibliothèque, mais est-ce que vous avez rencontré des difficultés dans la gestion ?

Les difficultés ne manquent pas. Il y a des élèves qui prennent les documents, après les deux semaines ils ne ramènent pas. Et quand un élève prend un document, ses camarades voient et viennent pour chercher le même document alors qu’il n’a pas encore amené. Il fallait ensuite poursuivre cet élève pour récupérer le document. La deuxième difficulté est que comme c’est une question de  bénévolat, moi aussi j’ai mes propres préoccupations que je devrais exécuter. Donc, il y a des moments que les élèves peuvent venir trouver que je ne suis pas là. Des fois, je peux aussi venir m’asseoir sans que les élèves ne viennent. Mais obligatoirement il faut venir ouvrir. Donc ce sont autant des difficultés qu’on rencontre dans la gestion.

Aujourd’hui cette bibliothèque n’est plus fonctionnelle, est ce que vous pouvez revenir sur les raisons majeures de ce dysfonctionnement?

La raison majeure de ce dysfonctionnement de la bibliothèque, c’est l’écroulement du bâtiment. Parce que nous n’avons pas un bâtiment pour stocker les documents et les mettre en marche. Il faut souligner que l’ancien bâtiment nous a été offert gracieusement par une bonne volonté, un des membres de l’association.

Avez-vous des perspectives pour une éventuelle réouverture de cette bibliothèque ?

Nos perspectives, c’est de reconstruire cette bibliothèque et de la renforcer. On est entrain d’évaluer aussi les romans, les documents en mathématiques, en sciences, etc. Il faut les renforcer pour que les élèves puissent se servir.  Donc c’est la reconstruction de la bibliothèque qui est notre projet prioritaire.

Vos partenaires sont-ils toujours disponibles pour vous accompagner dans ce sens?

Les partenaires sont au courant de l’écroulement de la bibliothèque mais c’est un projet de reconstruction qu’il faut remonter. Les partenaires pourraient ensuite chercher des financements avec leurs partenaires, et si possibilité, il y a, on va reconstruire. Mais c’est un projet qu’il faut remonter.

Certains aussi vous reprochaient de la proximité de la bibliothèque avec un débit de boissons et estiment que le lieu n’est pas adéquat pour l’apprentissage. Mais avant de donner votre lecture de ces reproches, pouvez-vous revenir sur la capacité d’accueil de la cette bibliothèque en terme de documents ?

On ne peut donner avec exactitude le nombre de documents qui s’y trouvaient. Il y avait une fiche mais comme le bâtiment s’est écroulé, on a pas retrouvé cette fiche. Mais on peut estimer le nombre de documents au minimum 200 à 300. Quant à l’emplacement de la bibliothèque, il faut dire que quand le projet est venu, il fallait faire des démarches. Premièrement, il fallait trouver un terrain. Deuxièmement, si construisait la bibliothèque un peu écartée, il faut un gardien et le payer chaque mois. Il faut aussi un abri où doit dormir le gérant où le gardien. Ce qui fait que nous n’avons pas pu immédiatement trouver un local un peu écarté pour construire la bibliothèque. Parce qu’on ne peut pas prendre une bibliothèque aller construire et personne n’est à côté. C’est pas sécurisé. C’est ça qui nous avait amené à rapprocher ça un peu ici pour que les enfants viennent chercher. C’était uniquement de venir chercher les documents et puis repartir. Et quand ils arrivent, ils rentrent par la porte de la bibliothèque. On les interdisaient même de s’asseoir ici. On avait organisé comme ça en entendant qu’on trouve un autre lieu beaucoup plus approprié. N’oubliez pas aussi qu’il fallait des financements pour payer le gardien ou le gérant. Et comme je l’ai dit plus haut, c’est un membre qui nous a offert ce local sinon on avait même pas de local pour loger cette bibliothèque.

Nous sommes au terme de notre entretien, avez-vous un message particulier à faire passer ?

Notre souhait c’est de réhabiliter cette bibliothèque et la mettre en marche. Mais comment ? Il faut des financements mais aussi un local. C’est à dire un terrain pour construire la bibliothèque et des financements pour payer les gérants. Sinon cette bibliothèque, qui ne fonctionne plus,  manque beaucoup aux élèves parce qu’elle les aidait énormément. C’était aussi un soulagement pour les nombreux parents qui n’avaient pas les moyens pour acheter tous les documents qu’il faut à leurs enfants. On n’a pas le choix sinon nous aimerions la remettre en marche tout de suite et maintenant même pour le bonheur des acteurs concernés. Donc c’est vraiment un cri de cœur que nous lançons à tous ceux qui peuvent aider pour que cette bibliothèque renaît de ces cendres. Merci à vous de nous avoir donné la parole pour parler de cette bibliothèque.

Entretien réalisé par Wezemba AOUYA (stagiaire)

Cela peut vous intéresser

Laisser un commentaire