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Litige foncier à Pô: la communauté musulmane dit non à la démolition de leur mosquée

Les musulmans de Pô, chef-lieu de la province du Nahouri, ont battu le pavé pour dénoncer ce qu’ils appellent la dépossession de leur lieu de culte. La marche a eu lieu après la prière de 13h du vendredi 27 octobre 2023. De la place de la mosquée, plusieurs centaines de marcheurs se sont dirigés au Haut-commissariat de la province où ils ont remis une lettre au patron des lieux.

Les musulmans se sont réunis dans la cour de la mosquée pour la lecture de Coran avant de commencer la marche.

« C’est avec tristesse que nous vous faisons cette note dans le but que vérité et justice soient faites à l’égard des musulmans de la commune de Pô.  En effet, l’attestation que détiendrait M. Robert Alorpaga TABASSE est le fruit d’une fraude et donc d’une violation de la loi en matière de cession des terres… ». Voilà en substance le contenu de la lettre remise au Haut-commissaire de la province du Nahouri, Auguste Kinda, par la Coordination des jeunes musulmans du Burkina Faso (CJMB) lors de la marche de protestation organisée le 27 octobre dernier par la communauté musulmane de Pô. Le litige foncier qui oppose les musulmans à Sieur TABASSE ne devrait pas avoir lieu selon les premiers responsables des musulmans de Pô. « Nous manifestons notre mécontentement contre un frère qui est né à Pô ici et qui veut récupérer le terrain de la mosquée d’une communauté musulmane qui ne devrait pas être lieu. Parce que nous sommes dans un pays de paix, de tolérance, de fraternité où chacun doit respecter l’autre, sans bafouiller le droit de l’autre. Mais c’est tout à fait le contraire que nous avons constaté. Ce monsieur ne fait que persister pour dégager la mosquée et construire un hôtel. Et ça, c’est vraiment impossible », regrette Iman Abdalah Derra, membre de la  Coordination des jeunes musulmans du Burkina Faso.

Selon Iman Abdallah Derra, démolir la mosquée pour construire un hôtel relève de l’impossible.

A en croire les manifestants, « le terrain sur lequel est construite la mosquée litigieuse fut attribué en 2005 à la communauté musulmane de Pô dans une délibération favorable du conseil municipal de 16 sur 17 conseillers ». Depuis lors, des démarches sont toujours faites en vue d’obtenir les documents administratifs auprès des autorités communales, selon le contenu  de leur déclaration. Malheureusement, disent-ils, la démarche a toujours été interrompue par l’instabilité politique du pays. « Sauf que pendant le mandat de M. Victor Akowè Zangouyo (2016-2022), celui-ci a opposé son refus au prétexte que la mosquée est située dans une zone commercial », a rappelé Nourdine Akouabou dans la lettre adressée au Haut-commissaire. Mais pour la communauté musulmane, cette zone « ne fut qu’une réserve destinée à l’usage de la population conformément au lotissement de 1972 ». Les manifestants affirment aussi qu’aucune délibération du conseil municipal portant cession du terrain litigieux à Robert Alorpaga TABASSE n’a eu lieu.

Les anciens de la mosquée ont aussi pris part à la marche.

C’est pourquoi, ils demandent « Que justice soit faite ». Pour se faire, les marcheurs exigent l’annulation en conseil des ministres de l’attestation d’attribution accordée à Robert Alorpaga Tabassé et la poursuite de la procédure enclenchée par les musulmans en vue de l’obtention des titres de jouissance qui leur consolident la propriété du terrain. Le Haut-commissaire de la province a rassuré que le message des manifestants est tombé dans de bonnes mains et sera transmis «aux plus grandes autorités de notre pays». Il a également rappelé que le problème a été déjà rapporté à la hiérarchie et des réflexions sont en cours. « Nous demandons à nos frères musulmans de rester dans le calme, que des réponses viendront », a rassuré August Kinda aux manifestants.

Le Haut-Commissaire, Auguste Kinda a rassuré les manifestants.

Au cours de la marche qui a mobilisé plusieurs centaines de manifestants, hommes, femmes et enfants, on pouvait lire sur les pancartes, entre autres, « Non à la provocation des musulmans », « La paix au Burkina Faso », « Que justice soit faite » ou encore « les musulmans disent non à la démolition de la mosquée de vendredi du marché central de Pô ».

Par Abatidan NASSARA

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