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« Quand je suis arrivé, j’ai opéré six femmes », dixit Pr Michel Akotioga

Notre interlocuteur du jour est Enseignant en gynécologie obstétrique à la retraite dépuis onze ans. Expert de l’OMS pour les mutilations génitales féminines, il a soigné des milliers de femmes victimes de l’excision. Il a également partagé son savoir avec environ sept cents médecins et sage-femmes sur la technique, propre à lui, de réparation des séquelles de l’excision. Pr Akotioga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aussi l’un des partenaires principaux et fidèles de l’Union Générale des Élèves et Étudiants de Tiébélé. Nous l’avons rencontré le 15 juin dernier à l’Institut Privé Supérieur de Santé Sainte Edwige où il est Directeur académique. Avec lui, nous avons entretenu sur sa carrière professionnelle et son engagement sans faille en faveur des étudiants du Nahouri. Lisez le.

NAHOURINEWS: Pr pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Michel Akotioga :Je suis le Professeur Michel Akotioga. Je suis gynécologue obstétricien, Enseignant en gynécologie obstétrique à la retraitedépuis onze ans, expert de l’OMS pour les mutilations génitales féminines. Actuellement je suis le Directeur académique de l’Institut Privé Supérieur de Santé Sainte Edwige.

Comment se porte Professeur ?

Comme vous le constatez, je me porte très bien. Nombreux sont ceux là qui me disent que je ne fais pas mon âge (rire ). Je fais le sport quotidiennement en jouant au ballon.

À quoi consiste réellement le métier de gynécologie ?

Il faut que je le précise, ici nous sommes gynécologues obstétriciens. Cela veut dire que nous faisons la gynécologie qui s’occupe de la femme qui n’est pas en ceinte et l’obstétrique qui prend en charge la femme en ceinte et qui va accoucher ou qui a accouché. Alors qu’en Europe c’est bien scindé. Soit on est gynécologue soit on est gynécologue obstétricien. Quand on fait les études de gynécologie c’est trois ans. Pourtant celles de gynécologie obstétricien vont jusqu’à quatre ans.

Depuis combien de temps avez-vous exercé ce métier et comment vivez-vous votre retraite ?

Depuis 1998. Ça fait 24 ans que je suis gynécologue obstétricien. Ma retraite, je ne sais pas si je peux vraiment appeler ça ainsi (rire) mais c’est sans repos. Rien que la semaine dernière, je me suis levé je dis que je vais aller à Pô pour me reposer. Quand je suis arrivé, j’ai opéré six femmes. Vous voyez, vous-mêmes ? Où est le repos dans tout ça (rire).

Professeur, cela fait maintenant plus de dix ans que vous êtes l’un des partenaires principaux, sinon fidèles de l’Union Générale des Élèves et Étudiants de Tiébélé (U.G.E.E.T). Qu’est-ce qui justifie cet engagement vis-à-vis de cette structure estudiantine?

Tout simplement parce-que j’admire tous ces jeunes-là qui ont dans leurs cœurs de faire évoluer leur région, notre région. Et pour cela, ils acceptent des sacrifices que j’admire beaucoup. Pendant les vacances, au lieu de se promener ou de voyager, il vont mettre ce temps à profit en aidant leurs jeunes frères en classe d’examen à préparer la rentrée et par ricochet à préparer leurs examens avec espoir. Et cela est très encourageant de la part de ces jeunes-là. Notre génération n’a pas su s’occuper de notre province. Vous aurez du remarquer que même quand l’ADESC fonctionnait bien, j’étais l’un des partenaires. Malheureusement maintenant ça flotte un peu. Alors quand j’ai vu que « Mes enfants » ou « mes petit-enfants », je ne vais pas dire mes petits frères, parce que ma première fille est en quatrième année en médecine, qui ont cette volonté de faire évoluer leur province, ça me met une certaine chaleur au cœur. Malheureusement j’ai pas les moyens que je voudrais y mettre pour les aider, surtout que je suis à la retraite maintenant.

Nous sommes à l’ère de la décentralisation. Pensez-vous qu’une structure comme l’U.G.E.E.T. peut jouer un rôle dans le développement? Si oui, à quoi devrions-nous, nous attendre de sa part ?

Biensûre que l’U.G.E.E.T. peut jouer un grand rôle. Elle peut jouer un grand rôle parce-que en tant qu’organisation statutairement reconnue, les dirigeants peuvent aller discuter avec le maire, le préfet, avec les autorités coutumières et religieuses et l’ensemble des services étatiques présents à Tiébélé comme la gendarmerie, la police pour leurs faire des suggestions. Parce-que ces étudiants sont plus en contact avec la population. Vous convenez avec moi que les gens ne viennent voir ces autorités-là que lorsqu’ils ont des problèmes. Pourtant vous (l’U.G.E.E.T., ndlr), vous êtes dans le milieu et vous vivez les problèmes avec la population. Donc vous pouvez faire des suggestions pour améliorer la vie des populations dans la localité. En tant que structure qui regroupe des gens instruits et connaissant bien les gens, vous pouvez, par exemple lors des élections, choisir celui que vous pensez être apte à faire avancer la commune, la province ou la région. Je le dis parce que souvent dans des cas pareils ce sont souvent les gens qui ont les moyens financiers qu’on élit. Alors que, plus on a les moyens, plus on en veut. Les gens veulent se remplir les poches. Donc vous voyez en quoi ces étudiants peuvent jouer un grand rôle dans le développement de Tiébélé et du Nahouri en général.

Professeur si vous avez des conseils à l’endroit des membres de cette structure, que leurs diriez-vous ?

Tout d’abord je les encourage pour l’œuvre qu’ils ont entreprise. Je les encourage puisqu’ils le font sans aucune arrière pensée politique, ils le font sans aucun profit financier. D’ailleurs ils se dépensent énormément. Pour cela il faut qu’ils soient armés de courage pour ne pas se laisser déstabiliser par les politiques. Surtout, il faut qu’ils évitent de se faire influencer par un politique quelconque. Le travail qu’ils font est très noble, surtout cette façon d’aider leurs jeunes frères à monter grace à leurs encadrements pédagogiques. Pour moi, c’est l’une des meilleures façons d’aider la région à évoluer car un peuple ne peut évoluer qu’avec des Hommes capables et compétents qui aiment leur région.

D’aucuns reprochent aux étudiants du Nahouri leur incapacité à s’unir dans une association provinciale. Selon vous, quelles pourraient être les causes de cette incapacité ?

Effectivement, il y avait l’ADESC. Mais personnellement je n’ai même pas compris comment cette association a pu tomber aussi bas. Quand Claude Wetta était là, paix à son âme, vraiment l’association était très dynamique. Au début il y’a les Bilgo Aly qui étaient devant et ça marchait très bien et puis paff, je n’entends plus parler de l’ADESC. Personne ne m’a jamais abordé pour dire “voilà, ya ceci, y a cela”. Donc vous comprenez que ça me fait de la peine. C’est déplorable qu’on en soit arrivé là. Ça sera une bonne chose que l’ADESC qui est en genou, je n’ai pas dit qu’elle est morte, puisse se mettre debout. Je souhaite qu’elle renaît de ces cendres, reprenne de la vigueur pour le bien-être de la province. Et je suis convaincu que cela est possible. Il suffit d’avoir des jeunes engagés. Aussi il faut que les discriminations, “moi je suis de Pô, moi je suis de Tiébélé, etc.“, soient bannies. On dit seulement “je suis du Nahouri” et c’est tout. Parce-que il n y a pas une famille à Pô où il n y a pas une femme de Tiébélé. Moi par exemple, ma grand-mère est de Tiébélé. C’est pour cette raison d’ailleurs j’avais bien voulu aider la maternité de Tiébélé. Nous étions partis donner les matelas. Il restait maintenant des tables d’accouchement et des lits. Malheureusement le Coronavirus est venu tout gâter car les amis ne pouvaient plus mener des activités de collect en France. Mais ça ne veut pas dire que j’abandonne le projet. Si la vie reprend normalement, nous allons le relancer afin de le finir.

Nous sommes au terme de notre entretien. Quel est votre mot de la fin ?

Tout d’abord je souhaite qu’il y ait une relève au sein de l’U.G.E.E.T. que j’admire beaucoup. Que cette relève soit aussi bien motivée que les aînés afin que l’association continue de vivre, voire mieux vivre. On peut toujours mieux faire. Rien n’est jamais parfait. Donc si les jeunes qui arrivent sont motivés, il vont donner un souffle nouveau, plus puissant à l’association et ça sera dans l’intérêt de Tiébélé et du Nahouri en général. Je dis aussi merci à vous et au journal Nahourinews qui m’a donné cette opportunité de m’exprimer. Je vous souhaite le meilleur. Vous avez toutes mes bénédictions.

Interview réalisée et transcrite par Abatidan NASSARA

[email protected]

 

 

 

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1 commentaire

GNEBGA L. IGO 1 juillet 2022 at 20 h 14 min

Vraiment très touchant et très digne d’intérêt. À nous génération présente de trahir notre mission ou de la sauver. Quand à moi, je pense qu’il est temps qu’on s’unisse main dans la main autour d’un intérêt général 🙏🏽
Merci à Nahourinews et longue vie à Papy Pr AKOTIONGA

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