A l’instar de plusieurs localités du Burkina Faso, la province du Nahouri a célébré le 15 mai, journée des coutumes et traditions, dédié aux traditionalistes. A Pô, l’organisation de cette journée a été portée par l’entreprise Tahoura Multi Services de Samuel Tahoura comme partenaire principal. La commémoration a connu la présidence d’honneur de Sa Majesté le Pô-Pê, le patronage du Haut-Commissaire de la province du Nahouri, Auguste Kinda, le parrainage de maître Bouba Yaguibou, et le coparrainage de Boubacar Lingani et Aimé Grégoire Yaguibou. Dieudonné Bata a, quant à lui, marqué sa présence en tant qu’invité d’honneur.
«Traditions ancestrales Kassena-nankana, socle de cohésion sociale ». C’est sous ce thème qu’a été célébrée la première journée des coutumes et traditions, ce 15 mai à Pô, dans la province du Nahouri. Cette journée dénommée Faga bi tie en langue Kassem, a été une très belle occasion pour les fils et filles de la province d’apprendre et de vivre leurs traditions et coutumes. Le top départ de la journée a été donné à la cour royale de Pô avec l’animation d’une conférence publique en faveur des coutumiers, les garants de la tradition et de nombreux élèves venus pour se ressourcer. Des sous-thèmes comme « le rôle et l’importance d’une tante paternelle dans la société Kassena, comment les funérailles de cette dernière sont organisées » et «l’organisation des funérailles d’un homme en pays Kassena ». Ces deux sous-thèmes d’une importance capitale, développés par une éminente femme de culture ont permis aux traditionalistes d’apprendre beaucoup de choses dont leur importance était ignorée. Des apports et des contributions ont aussi été apportées par les garants de la tradition.
C’est tout satisfaite, à l’issue de la conférence, que la population, très curieuse, s’est convergée à la place Nimaro où attendaient des expositions de produits de la pharmacopée traditionnelle, des ustensiles et des instruments traditionnels.
De la cour royale, les différents chefs coutumiers, leurs notables et les personnes ressources ont été accompagnés à la place Nimaro aux sons de tambours, des flûtes et aux pas de la danse guerrière et démonstration de puissance surnaturelle. La fierté et la joie d’appartenir à cette communauté, Kassena-nankana, se lisait sur les visages des uns et des autres. «C’est aujourd’hui que je reconnais ma communauté», se réjouit un garçon à la fleur de l’âge. Les cries des femmes mélangés aux sons de tambours et des flûtes et le hurlement des guerriers replongent tout le monde dans une Afrique aux valeurs ancestrales très riches. Les initiés qui se coupent avec des couteaux ou coupe-coupes sans succès donnaient de la chaire de poule aux spectateurs. Pendant que les responsables coutumiers s’installaient, les différentes troupes de danses, une dizaine, s’échauffaient. Elles prendront place plus tard pour leurs prestations.
Sa Majesté le Pô-Pê, au nom de tous les coutumiers, s’est adressé aux leaders coutumiers du Nahouri, aux chefs de quartiers, de villages, de cantons et de tribus, aux patriarches, en leur demandant d’utiliser à bon escient cette date du 15 mai. «Elle peut servir et elle doit servir à des choses très importantes qui n’ont rien à avoir avec le festin, la nourriture, les boissons, non! », a rappelé le Pô-Pê. Pour lui, cette date est «tellement bien choisie» qu’il faut l’utiliser pour préparer les travaux champêtres à l’orée de la saison hivernale. Selon le garant de la tradition, il faut profiter pour prier les ancêtres afin qu’ils rendent la saison pluvieuse plus fructueuse. Sa Majesté a aussi invité les responsables coutumiers de saisir cette date pour organiser de petites réunions afin d’enseigner les jeunes les valeurs que renferme la coutume. Pô-Pê a aussi fait noter que la coutume Kassena-nankana c’est le savoir-faire et le savoir-être. C’est pour ça que, se justifie t-il, nos coutumes sont encrées dans la cohésion sociale.
Samuel Tahoura, PDG de l’entreprise Tahoura Multi Services, partenaire principal de l’organisation de cette journée à Pô, a laissé entendre que «si nous oublions nos coutumes et traditions, nous n’avons pas d’avenir ». C’est pourquoi, dit-il, je me suis porté volontaire pour accompagner les coutumiers et les chefs dans l’organisation et la célébration de ce 15 mai. Samuel a prié pour que les chefs et les garants de la tradition aient une longue vie pour mieux gérer leurs ressorts territoriaux afin que la paix revienne sur l’ensemble du territoire national. Le partenaire a aussi demandé aux chefs d’intercéder auprès des ancêtres pour que la jeunesse puisse avoir du travail et éviter de se faire enrôler dans le terrorisme.
Quant à Dieudonné Bata, invité d’honneur qui a pris la parole au nom des parrains, il a demandé à tous ceux qui sont détenteurs du savoir ou du savoir-faire de nos ancêtres de les mettre à la disposition de la jeune génération afin de sauver des vies. «Aujourd’hui nous voyons des gens mourir de maladies bizarres. Pourtant je sais qu’il y a des gens, présents ici, qui possèdent les remèdes contre ces maladies-là. Pourquoi ne voulez-vous pas mettre ces connaissances au profit de frères et sœurs ?», s’est-t-il interrogé. Bata a pris l’exemple du cancer qui ravage plusieurs personnes aujourd’hui qui, selon lui, peut être guéri par des gens qui possèdent son remède. Il a donc invité et supplié les détenteurs de ces savoirs de faire profiter l’ensemble de la communauté.
La commémoration de cette journée a aussi connu la présence d’une forte délégation des coutumiers du Ghana voisin avec à sa tête les chefs traditionnels qui n’ont pas oublié d’inviter la jeunesse à se départir de toutes les pratiques qui vont à l’encontre des coutumes et traditions, notamment la consommation des alcools et des drogues.
Par Abatidan Casimir Nassara