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«Le projet a une envergure plus provinciale que familiale», dixit Issakou Tianabou

Pr Michel Akotionga, Atta Oudié, Dr Roger Claude Wetta, Ouézen Louis Oulon, Me Moumouny Kopiho, Pascal Tigahiré, Robert Sia. Ce sont là les noms de baptême  de l’administration et des salles de classe du  Lycée Privé Technique Le Technicien Comptable donnés le 06 septembre 2022, à Pô. Première du genre dans la province du Nahouri, nous avons cherché à mieux comprendre. Comment l’idée est-elle germée ? Pourquoi le choix est-il porté sur eux ? Quels ont été les critères de choix? Quel est l’objectif recherché ? Pour trouver des éléments de réponses à toutes ces questions, nous avons rendez-vous avec le fondateur dudit lycée. Sans détour, Issakou Tianabou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, Expert Comptable, s’est livré à nous dans une interview qu’il a bien voulu nous accordée. Voici ce qu’il a dit !

Dr Roger Claude Wetta était Docteur en Économie et Ex-Directeur du Réseau national de Lutte Anti-corruption (RENLAC)

 

Nahourinews : D’où vous est venue l’idée de baptiser les salles du Lycée Technique Le Technicien Comptable avec les noms des personnes ou personnalités, fils de la province ?

Issakou Tianabou : Merci. Pour répondre à votre question il faut dire que nous nous sommes dits que certaines personnes ont beaucoup fait pour la province. Et on s’est dit que ce sont des personnes ressources pour notre province. Ici quand je parle de personnes ressources, ce sont celles-là qui peuvent inspirer la jeunesse. Et qui parle de jeunesse en milieu scolaire parle de ceux-là qui sont présentement sur les bancs. C’est en se sens que nous essayons de représenter ces personnes-là à travers  nos bâtiments via leurs noms, leurs images et surtout avec un résumé de ce qu’ils ont eu à faire. Cela va amener les élèves à se demander qui sont ces personnes-là et qu’est-ce qu’eux, en tant que élèves, doivent faire pour  les ressembler. Deuxièmement, c’est pour dire que ceux aussi qui aspirent avoir, un jour, leurs noms sur une infrastructure à se poser la question «qu’est-ce que je dois faire ?». Donc en réalité la conséquence que nous sommes entrain de viser c’est d’amener les gens à faire du bien dans le cadre du développement de la province, côté grands frères et petits frères. En conclusion, ce sont des modèles de réussite qu’on a eu à identifier.

Pr Michel Akotioga est le premier gynécologue-obstétricien du Burkina Faso.

 

Est-ce dire que c’est aussi une façon de rendre hommage à ces derniers-là 

Effectivement c’est aussi une façon de leur rendre hommage parce que comme je l’ai dit, ces derniers ont beaucoup fait, quand on regarde le parcours de tout un chacun. Et comment les remercier pour ça ? On ne peut pas les appeler individuellement pour leur dire «merci pour tout ce que tu as fait pour la province…». On ne peut pas le faire. Donc ce que nous venons de faire, ils vont se dire « tient ! Les gens sont reconnaissants envers moi pour ce que j’ai fait.. ».

Me Moumouny KOPIHO, l’un des tous premiers Avocats à la cour issus de la province du Nahouri.

En dehors du baptême des différentes salles, est-ce que vous avez prévu de faire découvrir toutes ces personnalités-là à vos élèves ?

En effet ! D’abord il faut dire que dans chaque salle de classe il y a la photo en grand caractère de la personne et, en bas de celle-ci, un résumé de ses actions, c’est-à-dire ce qui nous a motivé à choisir cette personne. Donc ce n’est pas le nom de la personne qui importe ici. Mais c’est plutôt ce que la personne a eu à poser comme acte  qui nous intéresse. En dehors du nom que les gens voient sur le mur, il y a, à l’intérieur de la salle, une photo à l’appui et ce que la personne a fait pour mériter cette mise en exergue. Et c’est ça qui va plutôt motiver les gens et non le simple nom. Je reviens donc pour dire qu’on a prévu de présenter chaque acteur dans les salles et toute fois que les  élèves seront de passage dans les salles ils vont mieux se  renseigner sur la personne.

Atta OUDJÉ, le tout premier fondateur d’un lycée privé dans la province du Nahouri.

On voit que les gens ont l’habitude de rendre hommage aux personnes à titre posthume. Pourquoi vous, vous avez opté de le faire de leur vivant, excepté le défunt Dr Roger Claude Wetta ?

Je précise qu’en réalité, dans notre logique, il ne devrait même pas avoir de mort parmi eux. Ce qu’on a voulu faire, c’est de travailler avec ceux qui vivent pour le moment. Il y a beaucoup de gens qui sont morts et nous ne les connaissons pas. Donc on ne peut pas parler de quelque chose qu’on n’a pas vécu ou on ne connait pas. C’est pour cette raison nous avons opté pour les vivants. Au moment de la procédure, nous avons contacté tous les intéressés pour avoir plus d’informations les concernant. Et tenez vous bien, la toute première personne que nous avons contacter c’était Wetta Claude qui était prêt même à être le parrain de l’ouverture du lycée. Malheureusement il est décédé au cours du processus. Et nous sous sommes dits, on va déroger à la règle qui était de choisir que des vivants. Puisque nous étions en face d’une situation où la personne était déjà au courant. Et vu ce qu’il a fait aussi pour la province, on ne pouvait pas du coup rayer son nom de la liste. Voilà pourquoi on a maintenu son nom. On est allé même très loin en attribuant son nom à l’administration, en lieu et place d’une salle de classe qui était prévue.

Robert SIA est le patron de la société de fabrication de Eau Idéal.

 Est-ce que, au-delà des photos et des noms, vous ne prévoyez pas faire visiter ces personnes-là au lycée afin de les faire découvrir davantage par les élèves ?

On a quand même discuté avec ces personnes. Et ce qui est prévu, c’est que nous voulons organiser chaque année la semaine du technicien comptable. Donc au cours de cette semaine, les acteurs qui ont leurs noms seront invitées. Parce que c’est vrai que nous avons déjà fait leurs portraits. Mais nous pouvons peut-être être dire en plus ou en moins sur eux. Donc si la personne elle-même vient devant les élèves, ils auront l’occasion de poser des questions à cette dernière pour savoir comment elle est arrivée là où elle est aujourd’hui ou ce qui l’a poussé à poser telles actions. Je pense alors que le contact direct entre les élèves et ces derniers  est inévitable. Avec ce contact, les élèves auront peut-être plus d’informations que nous en avions données. Peut-être qu’il y a des secrets qu’elles vont donner à ces élèves pour les motiver.

Ouêzen Louis Oulon, journaliste émérite et promoteur de Altitude Nahouri.

On sait qu’il y’a d’autres bâtiments qui attendent aussi d’être baptisés. Est-ce qu’il y a déjà une liste de noms préétablie ?

Non, présentement on a pas de noms prévus. Il va falloir que je précise quelque chose aussi. La première règle de notre choix est qu’on ne prend pas de politique. Quelqu’un qui est élu maire ou député ne peut pas faire partir de notre liste. Mais cela ne veut pas dire que ceux qu’on a retenu les noms ont fait ou font mieux que les politiques. Non ! C’est tout simplement pour éviter qu’il y ait une connotation politique dans notre démarche. C’est pourquoi nous écartons tous ceux qui sont politiques avant de commencer. Mais au fur et à mesure les choses peuvent changer. Si la personne est maire ou député, et deux ans, trois ans après il ne l’est plus, il y’a pas de problème à ce niveau. Donc présentement on a pas de noms préétablis pour dire que c’est ce nom qu’on va mettre prochainement. Mais on attend d’ici l’année prochaine ou l’année sur prochaine. Par rapport aux actions  que les uns et les autres vont poser dans la province, ça nous emmènera maintenant à  faire un bon choix.

Je tiens également à préciser que le choix des gens ce n’est pas moi Issakou qui le fais. Nous avons mis en place une équipe de plus de cinq personnes. Et c’est ensemble que nous réfléchissons pour trouver les noms qui vont avec. Et les membres de l’équipe connaissent des gens que moi je ne connais même pas. Si je prends par exemple SIA Robert de Eau Idéal, c’est quelqu’un que je n’ai jamais rencontré. Ce n’est même pas sûre que lui aussi il me connaissait. Donc c’est pour dire que c’est l’équipe qui fait le travail de choix et nous validons ensemble.

Pascal Tigahiré est un homme d’affaires, patron de Colombe du Sud et PDG de l’entreprise de BTP COPIAFAX

Avez-vous un dernier mot, puisque que nous sommes à la fin de notre interview ?

Ce que je vais peut-être ajouter, c’est une précision de l’objectif visé par cette initiative. Parce que il y a beaucoup de gens qui disent que dans toute chose, il faut commencer par les parents. Je dis non. Parce que ici ce n’est pas l’objectif. C’est vrai que pour quelqu’un qui connait aussi mes parents, papa et maman, sait qu’ils ont aussi fait beaucoup pour la province. Mais quand vous prenez ma maman, elle aussi, elle est politique. Du coup son nom ne peut pas faire partir, selon nos critères de sélection. Côté papa, comme je l’avais dit, on a opté pour ceux qui sont vivants, donc lui aussi il ne doit pas y figurer car il n’est plus de ce monde. Paix à son âme. Voilà la raison pour laquelle les gens n’ont pas vu les noms de mes propres parents. Je précise aussi que ce que nous sommes entrain de réaliser n’a rien de famille. C’est pour toute la province. Donc c’est un raisonnement provincial et non familial. Et il ne faut pas que certains interprètent mal par le simple fait de ne pas voir les noms de mes propres parents. Je conclue en invitant  tous ceux qui peuvent faire quelque chose pour développer la province à le faire. Quelque soit le domaine d’intervention il faut le faire. Car un jour les gens seront reconnaissants  envers vous. En plus de ce que nous nous avons fait, d’autres personnes aussi viendront vers vous pour vous remercier.

Interview réalisée et transcrite par Abatidan Casimir NASSARA

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