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Commune de Guiba : 12 mois de prison pour l’exciseuse S. Alimata 

Le ministère de l’Action humanitaire et de la solidarité nationale, en collaboration avec le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Manga avec l’appui financier de l’UNICEF, a organisé une audience foraine correctionnelle dans la commune de Guiba, province du Zoundweogo. L’objectif de cette audience était de profiter pour sensibiliser les populations de cette location sur les faits qui sont reprochés aux prévenus. C’était le jeudi 10 octobre 2024.

Les acteurs ont pausé pour la postérité à la fin de l’audience.

36 mois de prison dont 12 mois fermes avec une amende de 500.000 FCFA fermes et 24 mois de prison avec 500.000 FCFA, le tout assorti de sursis. Ce sont les peines correctionnelles décidées respectivement pour l’exciseuse S. Alimata reconnue coupable et O. Ablassé et son grand frère O. Issaka, tous deux, complices des mutilations génitales féminines sur 4 jeunes filles âgées de 8 à 15 ans. Le verdict de l’audience est tombé le même jour du jugement, jeudi 10 octobre 2024, à la mairie de Guiba.

«La nuit du 05 au 06 septembre 2024, 5 filles ont été conduites depuis Ouagadougou, précisément de Kouba, jusqu’au village de Boura dans la commune de Guiba, pour être exciser. Parmi elles, une a pu s’échapper et aller se confier à Guiba. Suite à ses aveux, le commissariat de cette localité a diligenté une enquête et a pu mettre la main sur l’exciseuse et deux de ses complices», relate Noëlle Zongo/Doulkom, Directrice provinciale de l’Action humanitaire et de la solidarité nationale du Zoundweogo. L’audience foraine de ce jour, 10 octobre 2024, à Guiba fait donc suite à cette opération, en vue de sensibiliser non seulement la communauté mais aussi rappelé que personne n’est au dessus de la loi, selon la justification de la directrice provinciale.

La directrice provinciale de l’Action humanitaire et de la solidarité nationale du Zoundweogo Noëlle Zongo/Doulkom a relaté les faits.

C’est pourquoi, S. Alimata, O. Ablassé et O. Issaka ont comparu devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Manga pour faits de mutilations génitales féminines, atteinte à l’intégrité physique par ablation. Après leur avoir exposé ce qu’on leur reproche, les trois coupables ont reconnu les faits et ont demandé pardon. Selon les faits, c’est O. Ablassé domicilié à Kouba, près de Ouagadougou, qui a conduit les 5 filles dont 4 de ses frères et une sa propre fille de Kouba au village de Boura. Une fois au village, il a demandé l’aide de son grand frère O. Issaka pour trouver une exciseuse afin de commettre leur sal boulot.

«Je demande pardon, car si je dis que je ne suis pas au courant que l’excision est interdite, j’ai menti. Nous avons voulu le faire en cachette. Et je demande pardon », regrette O. Issaka à la demande du juge dès l’entame de l’audience. Le juge en cherchant aussi à savoir l’objectif visé en excisant les filles, les mis en cause ont répondu en ces termes : «c’est notre coutume qui le demande ». A la question de savoir si O. Alimata a fait exciser ses propres filles, elle a répondu par la négative. Pourquoi ? demande le juge. «Parce que leur papa a refusé», a-t-elle répondu. Voyez-vous, s’adresse le juge à Ablassé et son frère, elle-même elle n’a pas excisé ses propres filles pour les raisons que vous avez évoqué toute à l’heure. «Et ce sont vos filles qu’elle vient exciser», regrette le juge.

Avant de se retirer pour le verdict, c’était le tour du procureur de posé des questions et faire ses observations. Laure Ouedraogo/Souga, substitut du procureur près le Tribunal de grande instance de Manga a expliqué aux prévenus et à l’assistance les complications qu’une femmes excisée peut avoir à cour et à long terme. « Ce sont des douleurs qui suivent la femme toute sa vie », rappelle Laure tout en citant les douleurs, les hémorragies, les infections, le traumatisme psychologique, l’accompagnement difficile, etc. «Il y a des femmes qui fuient leurs maris à cause des rapports sexuels douloureux », informe la substitut du procureur.

La substitut du procureur, Laure Ouedraogo/Souga, s’est dit dépassée par les évènements.

Il était 11 heures 18 minutes quand l’audience a débuté en présence de plusieurs personnes ressources dont les chefs coutumiers, les associations de défense des droits des enfants, les conseils villageois de développement, etc pour prendre fin à 15 heures. Laurence Ilboudo/Congo est institutrice à l’école primaire de Guiba A. Elle est venue assisté à l’audience avec ses élèves, toutes des filles. Pour elle, le jugement donne de la chair de poule. «Si nous avons tenu à faire venir nos élèves filles, c’est parce que ce jugement est une sensibilisation pour nous tous. C’est une leçon pour nous et nous allons la dupliquer avec les autres élèves, une fois que nous retournons à l’école», a dit l’institutrice.

Le procès s’est déroulé en présence de plusieurs personnes ressources dont les coutumiers et les religieux…

En marge du jugement, le tribunal à déclaré S. Alimata et ses complices coupables. Il les a condamnés respectivement 36 mois de prison dont 12 mois fermes avec 500000 FCFA fermes pour S. Alimata et 24 mois de prison avec une amende de 500000 FCFA, le tout assorti de sursis, pour O. Ablassé et O. Issaka. Les condamnés ont quinze jours pour faire appel.

L’excision est interdite au Burkina Faso et les mutilations génitales féminines sont réprimées par l’article 513 – 7 et 8 du code pénal. Les punitions vont de 1 à 10 ans d’emprisonnement et d’une amende de 500000 à 3 millions de FCFA. S’il y a eu décès, la peine va de 11 à 21 ans de prison avec une amende de 1 à 5 millions de FCFA. Selon le juge qui se réfère toujours au code pénal, même la propagande sur l’excision est passible d’une poursuite et la peine peut aller de 1 à 5 ans de prison avec une amende de 250000 à 1 millions de FCFA.

…et plusieurs jeunes filles venues être témoins.

Abatidan Casimir Nassara

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