À la célébration des funérailles du patriarche d’une famille, d’un chef de terre, du bois ou du marigot sacré appelés « Tangona » en pays kassena, les membres de la famille invitent les familles alliées pour une danse guerrière de trois jours. Généralement, la plupart d’entre eux viennent le troisième et dernier jour où les rituels sont faits. Ce jour-là, la communauté ou les membres de la famille doivent choisir le nouveau patriarche ou chef de famille qui a la lourde responsabilité de faire les sacrifices sur les hôtels, lieux sacrés ou autres rituels au nom de la famille ou la communauté. On dit qu’on lui a donné le « zimbié » (la petite calebasse avec laquelle on verse l’eau de farine sur les hôtels à sacrifices) en kassem.

Au troisième jour de la danse où on doit « casser l’arc » ou la finale, toutes les familles alliées invitées pour la danse viennent dans leurs accoutrements de guerriers. L’on peut souvent apercevoir, arrivé de loin, un groupe de danseurs guerriers dont leur accoutrement est différent des autres. Cela est loin d’être fortuit. Mais qui sont ces guerriers qui arrivent avec des feuilles d’arbres accrochées à leurs carquois ou sur leurs vêtements de guerriers ? Pourquoi portent-ils des feuilles, en plus de leurs amulettes de protection et leurs arsenals de guerre ? Nous avons cherché à comprendre auprès des plus avisés. Lorsque la famille où les funérailles sont célébrées invite les familles alliées pour venir danser, les familles des neveux, c’est-à-dire toute famille où une fille issue de la famille du défunt est mariée est d’office invitée. On les appelle les « nakoabié » (les neveux) en langue kassem. Ce sont donc les neveux qui, en venant, au cours de leur chemin, arrachent des feuilles d’arbres pour les accrocher sur leurs carquois.

Arrivés sur les lieux de la danse, ils sont facilement identifiables par n’importe qui et sont automatiquement reconnus comme les neveux de la famille. Un message non prononcé se cache donc derrière cet accoutrement qui leur donne une certaine invulnérabilité face à toute attaque mystique extérieure des autres guerriers. Le message, le voici : «Nous sommes les neveux de la famille du défunt et nous sommes venus, chez notre oncle maternel, pour téter le sein de notre maman. Nous ne voulons pas du mal à quelqu’un». Ce message ressemble donc à un soldat en guerre qui soulève ses mains face à un ennemi. Avec ce code qui se cache derrière ces feuilles, les neveux sont désormais sous la protection du sacré de leurs oncles maternels. Mais est-ce cet acte est un aveu d’impuissance face aux autres guerriers ? Absolument non. Mais il est révélé dans la tradition kassena que même si on est puissant comment, son pouvoir mystique n’aura jamais d’effets sur tes oncles maternels. D’où cette façon de se prosterner via la symbolique des feuilles d’arbres.
Abatidan Casimir Nassara
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Merci pour cette clarification.