Cela fait maintenant 10 ans que l’association Dizenidani pour la promotion éducative de Tiébélé (A.D.P.E.T) est dans l’aventure de la formation des jeunes filles et de la conservation des peintures murales de la Cour royale de Tiébélé à travers son concours « Dora », une initiative soutenue principalement par la Fondation Cuomo. Cette année encore l’association a sacrifié à la tradition en organisant la 10e édition de cette activité qui a lieu du 20 au 23 mars 2025. Une décennie qui marque aussi la victoire de l’inscription de cette Cour au patrimoine mondial de l’UNESCO grâce aux efforts conjugués du Gouvernement du pays et des acteurs locaux.
Elles étaient encore plus de 110 jeunes filles venues de onze lycées et collèges de la commune de Tiébélé à investir la Cour royale pour participer à la 10e édition du Concours Dora, décoration murale traditionnelle kassena qui s’est déroulée du 20 au 23 mars 2025. Chacun des onze établissements d’enseignement secondaire a présenté 10 filles qui ont travaillé par groupe au nom de leurs établissements respectifs. Comme à l’accoutumée, après avoir rassemblé les participantes devant la cour royale où elles ont reçu un bref exposé sur le concours, les conseils pour s’y mieux illustrer et les bénédictions des notables de la cour, le premier jour a commencé avec leur mise à niveau.
Abatidan Casimir Nassara, président de l’association Dizenidani, structure organisatrice du concours, a rappelé aux jeunes filles l’objectif global du concours qui n’est autre que la formation et la transmission dans ce domaine de l’art pictural en vu de préparer la relève. Laquelle relève continuera de faire perpétuer cette culture et contribuer à conserver l’architecture kassena de la cour royale de Tiébélé inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. «Nous sommes là pour le concours Dora. Mais comme vous le savez, cette activité va au-delà d’un concours en ce sens que l’objectif ici n’est pas vraiment de faire des gagnantes mais de nous assurer que vous pouvez représenter valablement nos mamans un jour dans ce travail. Donc tout ce que nous allons vous demander c’est de suivre sérieusement ce que vos « mamans » (les formatrices) vont vous demander de faire», a dit le président de l’association.
Pendant 3 jours, les participantes, avec leurs mains orfèvres et sous l’œil vigilant de leurs formatrices, ont pu transformer des murs délabrés en de véritables œuvres d’art. A l’aide de matériaux naturels, le “dora”, terre argileuse, la latérite rouge, le caolin, le graphite, les gousses de néré, les galets et les plumes de pintade ou pinceaux, elles ont pu rendre les murs multicolores avec des symboles et des reliefs relevant de l’histoire et de la culture kassena. C’est une fierté pour les jeunes filles de prendre part à ce concours qui engage leur identité culturelle et vise à pérenniser cette culture kassena qui les a vues naître et grandir. Et ce n’est pas Ella Batiam qui dira le contraire. «Ce concours nous apprend à mieux maîtriser notre culture et à montrer aux personnes qui ne sont pas de notre culture comment ça se passe chez nous. Nous pouvons enseigner la culture kassena à nos enfants à travers les dessins symboliques», se réjouit Ella. Elisabeth, elle, a appris à travers le concours Dora que la construction des maisons est assurée par les hommes et les décorations reviennent aux femmes. «On ma aussi dit que pour faire les décorations, la femme doit être pure », apprend Elisabeth.
Pendant le déroulement du concours, les responsables des lycées et collèges sont passés non seulement constater de visu ce que leurs représentantes sont capables de réaliser mais aussi pour leur adresser des mots d’encouragement. Les premières autorités provinciales, en occurrence le Haut-commissaire de la province du Nahouri, Aristide Mohamed Sie Kam et le Directeur provincial de la culture des arts et du tourisme, Leidi Hermann Ouédraogo, ne se sont pas faits prier pour faire le déplacement à Tiébélé afin de toucher du doigt le contenu du concours. Ils ont apprécié et remercié les partenaires qui accompagnent l’association Dizenidani dans cette noble lutte de conservation et de pérennisation de la culture kassena. Ils ont aussi lancé un cri de cœur à l’endroit des fils et filles du Nahouri et aux plus hautes autorités du pays et entreprises à se joindre aux membres de l’association pour faire de cette activité un tremplin du savoir et du savoir-faire de la communauté kassena-nankana.
Au bout des trois jours des travaux sous un soleil plombant et déshydratant, les jeunes filles ont eu leurs efforts récompensés le quatrième, le 23 mars, à la mairie de Tiébélé, après le passage d’un jury qui est allé faire son appréciation des réalisations. [La cérémonie de remise des prix à lire dans notre prochain article.] Il faut le rappeler, cette dixième édition, comme les neuf autres d’ailleurs, a bénéficié du soutien financier de la FONDATION CUOMO, partenaire principal du concours Dora et de la l’association Dizenidani depuis une décennie. D’autres structures comme l’Ambassade du Brésil à travers IGR, Tahoura Multi Services, Gelpaz Immo, se sont aussi illustrées à la présente édition comme des sponsors. La 11e édition du Concours est attendue dans la quatrième semaine du mois de mars 2026.
Par Abatidan