« DINADANË » en la langue kassem qui signifie « entendons-nous » en français, est le nom du projet qui a réuni en atelier, des participants du Burkina Faso et du Ghana à Pô. C’était le jeudi 10 avril 2025 à Guidjara Hôtel.

Concertation transfrontalière sur la transhumance entre les régions de Upper East et Upper West au Ghana et les provinces du Nahouri et de la Sissili au Burkina Faso pour une mobilité apaisée du bétail : le Ghana et le Burkina se concertent à travers le Projet de gestion consensuelle des ressources naturelles partagées dans les zones frontalières des régions du Centre Ouest et du Centre Sud du Burkina avec le Ghana « Projet DINADANË ».
Ils sont une soixantaine de participants venus des régions Uper West et Uper East et Kassena-nankana West District du Ghana, des cinq communes de la province du Nahouri (Pô, Tiébélé, Zecco et Ziou et Guiaro) et des trois commune de la province de la Sissili (Léo, Biéha, Boura) du Burkina Faso à se retrouver à Pô, le 10 avril 2025, autour d’un atelier organisé par le RECOPA en collaboration avec l’ONG HELP, le fédération NUNUNA au Burkina Faso et l’ONG Clip au Ghana dans le cadre du projet « DINADANË», financé par la Fondation PATRIP. Financé à deux millions (2 000 000) d’euros, environ un milliards trois cents onze mille millions neuf cent quatorze mille treize ( 1 311 914 013) francs CFA par la FONDATION PATRIP, le projet vise à promouvoir la stabilisation et la prévention des conflits violents à travers le renforcement de la résilience, de la cohésion sociale et de la coopération transfrontalière.

Les défis liés à la transhumance, la pression sur les ressources naturelles et et le faible fonctionnement des cadres de concertation entre les communautés de part et d’autre des frontières sont autant de problèmes dont font face le système pastoral qui occupe une place importante dans les économies locales et dans les moyens de subsistance de nombreuses familles. C’est au regard de ce constat que l’atelier de ce 10 avril, présidé par le Haut-commissaire de la province du Nahouri, Mohamed Aristide Sié Kam, se veut un cadre de concertation entre les deux pays, le Ghana et le Burkina Faso, sur la gestion de la transhumance et les ressources naturelles. Selon le Haut-commissaire, cette rencontre témoigne de l’intérêt que les deux parties et particulièrement les participants « accordent à la coopération transfrontalière et à la recherche de solutions durables aux défis liés à la transhumance dans notre sous-région ». Pour lui, « le projet DINADANË s’inscrit dans une dynamique inclusive de promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble dans la zone frontalière ».

La présente session de rencontre a donc permis de partager, au cours de la journée, les dynamiques agro-pastorales dans les zones frontalières entre le Ghana et le Burkina Faso, d’analyser les difficultés rencontrées par les acteurs dans la mobilité du bétail, d’identifier des pistes de solutions durables et concertées en vue de poser les jalons d’un comité local d’initiatives locales transfrontalières assorti d’une feuille de route claire pour la suite. Issiaka Kaboré, coordonnateur programme à l’ONG HELP qui s’est exprimé au nom du consortium des acteurs du projet, a tenu a remercié le bailleur de fonds, la Fondation PATRIP. Il s’est aussi réjoui de la tenue de cet atelier qui a permis, selon lui, de dialoguer sur les questions liées à la transhumance et à la gestion des ressources naturelles partagées.

Selon Boubacar Maïga, coordonnateur National de l’ONG pastorale le RECOPA, le choix de la commune de Pô pour tenir cet atelier se justifie par le fait qu’en plus d’être une commune d’intervention du projet est une zone d’acceuil et de transit des animaux venant des autres régions du Burkina vers le Ghana. Pour lui, le projet se mène avec le Ghana parce ce qu’il est l’un des pays côtiers qui accueille les transhumants sahéliens. il souligne, qu’avec la fermeture des frontières togolaise et béninoise aux transhumants venant des pays sahéliens, les flux sont majoritairement orientés vers le Ghana d’où la nécessité de renforcer le dialogue pour une transhumance transfrontalière apaisée. A l’en croire, l’atelier de ce jour s’implique dans un contexte un peu plus large où d’autres dynamiques sont mises en place pour aboutir à des sous cadres qui viendront renforcer la coopération sous régionale appelée BBTG (Burkina, Bénin, Togo, Ghana).

A l’issue des échanges, les participants ont pu faire des recommandations. Parmi elles, la mise en place un cadre de coopération et de dialogue transfrontalier pour le suivi de la transhumance, la prévention et la gestion des conflits liés à la mobilité du bétail entre les provinces de la Sissili et du Nahouri au burkina faso et les région de Upper East et West au Ghana, à veiller à la tenue régulière des sessions du cadre; Promouvoir la mise en place et l’utilisation harmonisée d’outils innovants (TTT) de collecte et assurer le partage de données de suivi des mouvements de transhumance de part et d’autre de la frontière afin de disposer des données probantes pour la prise de décision. Mener des actions de sensibilisation dans le sens de freiner, voire inverser la tendance de réduction et de dégradation des parcours et des zones pastorales ; Renforcer la réalisation, la sécurisation et l’appropriation des infrastructures structurantes au niveau des frontière.
La rencontre a été fortement saluée par les différents participants qui disent avoir y appris beaucoup de choses. « Cette rencontre vient à point nommé car la question de la transhumance au niveau de nos frontières est très importante pour les acteurs. Le fait que ces deux pays, le Burkina Faso et le Ghana, se retrouvent ici à Pô pour traiter des questions qui touchent nos agro-pasteurs des deux frontières est déjà un pas très important », s’est exprimé Aimé Gué, préfet et président de la délégation spéciale (PDS) de la commune de Tiébélé qui a pris par à cet atelier aux côtés de ses homologues venus de sept autres communes.

Les conclusions de l’atelier ont été aussi appréciées par Lukman Issuf , Directeur Général de l’ONG CLIP partenaire du projet depuis le Ghana. Il se réjouit de la mise en place de ce projet qui va permettre la traversée des frontières entre les deux pays sans incidents. Il croit à ce partage d’expériences entre les deux pays qui, selon lui, va permettre de faciliter les choses entre les populations frontalières.
Mis en œuvre depuis le 1er février 2023 pour une durée de 32 mois, le projet DINADANË devra prendre fin le 30 septembre 2025. Il est bénéfique à environ 829 641 personnes dont 374 310 au Burkina Faso et 455331 au Ghana. Selon les prévisions, la prochaine session des acteurs du projet est attendue en juin au Ghana.
Abatidan Casimir Nassara