Cette photo n’est pas qu’un alignement protocolaire de leaders en costume : c’est le cliché d’un équilibre précaire, d’une paix négociée sur le fil du rasoir. Derrière les sourires figés et les drapeaux soigneusement placés, se cache le théâtre de la géopolitique ouest-africaine : des alliances de circonstance, une méfiance sous-jacente et l’ombre permanente des rivalités. En un instant figé, elle raconte l’histoire d’une région où l’unité s’affiche, mais où le pouvoir se négocie.
Une lecture de Lébouré Crépin ZANZÉ, Expert Sénior agréé, Enseignant- formateur du supérieur ( Communication Stratégique et Sécurité Globale) ~ Spécialiste en Geodiplomatie et Résolution des Conflits ~ Fondateur du Front d’Expertise Pour la Recherche et l’Action Stratégique – FEPROMUS –
20 septembre 2025
La mise en scène des corps : l’unité dans la diversité
Cinq hommes, tous en costume sombre, alignés, formant une façade d’unité et de respectabilité. Pourtant, chacun représente une histoire, une idéologie et des ambitions souvent contradictoires. La posture figée, les mains relâchées ou crispées, disent beaucoup sur le rapport de force et de méfiance. Ce n’est pas une fraternité naturelle, mais une unité de circonstance, née d’un contexte politique tendu.
Un cliché d’équilibre précaire
Cette photo illustre parfaitement ce que les politologues appellent “coalitions négatives” : on se rassemble, non pas parce qu’on partage une vision commune, mais parce qu’on veut éviter le chaos ou neutraliser un adversaire commun. L’image suggère donc une paix fragile, stratégique et pragmatique, mais pas encore une paix de confiance.
Le poids des symboles nationaux
Derrière eux, on devine des drapeaux : rappel que, malgré les alliances circonstancielles, chaque leader défend d’abord son camp et son territoire. On sent un message subliminal : «Nous sommes ensemble, mais chacun garde son drapeau, son ancrage et sa légitimité». Autrement dit, la souveraineté nationale prime sur l’intégration régionale.
Lecture stratégique : l’Afrique des compromis
Cette photo reflète un modèle récurrent en Afrique de l’Ouest : la politique des compromis, souvent imposée par la crise. Quand les armes se taisent, les dirigeants se retrouvent autour de la table. Mais ces compromis sont souvent élitistes, au sommet, laissant parfois le peuple en attente de réconciliation réelle.
Projection dans l’avenir
En regardant ce cliché avec le recul, on peut se dire que c’était une photo de transition : un moment où les leaders savaient que l’histoire basculait, que la stabilité dépendait de leur capacité à surmonter les rivalités. La vraie question stratégique est : ont-ils réussi à transformer ce moment d’équilibre forcé en projet durable ?
Cette photo est une allégorie de la gouvernance africaine post-crise : une façade d’unité, des sourires mesurés, mais derrière, des jeux de pouvoir intenses, des calculs géopolitiques et une quête de légitimité. Elle nous rappelle que la paix n’est pas un état, mais un processus, souvent fragile, toujours à reconstruire.
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Lébouré Crépin Zanzé
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