Présent au Burkina Faso pour la première fois, au mois d’août 2024, l’artiste brésilien Alexandre Keto s’est rendu à Tiébélé, dans la cité aux milles couleurs, province du Nahouri, pour visiter la Cour royale qui venait d’être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, le 26 juillet 2024, à New Delhi en Inde. L’artiste a profité de son séjour pour rendre hommage aux femmes décoratrices de Tiébélé, grâce à qui l’art de la décoration murale continue d’exister dans cette partie du Burkina Faso.
Né à Sao Paulo au Brésil, Alexandre Keto est artiste depuis 2002. Il évolue donc dans le domaine de l’art depuis donc 22 ans. Artiste multidisciplinaire, puisqu’il maîtrise l’art plastique, la sculpture et la peinture, le natif de Sao Paulo a voyagé dans plusieurs pays pour soit participer à des expositions, soit pour organiser des ateliers de formations. De son pays natal, Keto a parcouru des pays de l’Amérique et de l’Europe comme l’EUA, Haïti, Colombie, le Portugal, la France, la Belgique, l’UK, l’Allemagne pour ses œuvres. Il a aussi déposé ses valises en Afrique au Sénégal, au Ghana, au Bénin et en Mauritanie pour le même objectif. Son dernier voyage en date est donc le Pays des Hommes intègres d’où il a dit être réparti avec de beaux souvenirs. «Quand je voulais venir au Burkina Faso je ne connaissais personne. J’ai cherché des informations sur le pays mais je n’avais vraiment pas trouvé ce que je veux. C’est par coup de chance que je suis tombé sur monsieur Soma du ministère qui était venu au Brésil avec une délégation du Burkina Faso lors d’un festival, grâce aux organisateurs. C’est ce dernier qui m’a mis en contact avec Abraham. C’est en ce moment qu’a véritablement commencé mon voyage », explique Alexandre.
A son arrivée au Burkina Faso, après un séjour à Ouaga, c’est Tiébélé que l’artiste a choisi d’explorer. D’ailleurs c’est le tout premier visiteur international de la cour royale au lendemain de son inscription à l’UNESCO. Sa visite a eu lieu le 27 juillet 2024. Sur place, Alexandre a été frappé par la beauté, l’esthéticité du travail que font les femmes décoratrices de Tiébélé dans l’art pictural.
C’est ainsi qu’il a décidé de joindre son art à celui de ces dernières afin de leur rendre hommage. La doyenne des femmes, la Trésor Humain Vivant (THV), maman Kayè, comme l’appellent affectueusement les habitants, a été donc à l’honneur. Une sculpture du portrait de son visage sur du bois a été faite sur la porte à l’entrée de sa case. Une œuvre qui, par sa ressemblance, a laissé la THV dans l’étonnement. «Comment il a pu faire ça ?», s’est interrogée maman Kayè, à la vue de son portrait. Sur un mûr, une œuvre similaire a été réalisée avec la complicité des femmes décoratrices. Les passants ne cessent de rincer leurs yeux sur cette oeuvre située au bord de route, près de l’entrée de la cour royale. «Le travail que je fais, si c’est utile aux gens, si les gens aiment ça, c’est ce que je veux », se réjoui Alexandre qui a vu de l’engouement et de l’admiration autour de ses réalisations. «Le gars il est bon ! C’est ça un artiste ! », exclame Pierre Poadiagué, artiste musicien et guide de tourisme à Tiébélé.
Sur place, plusieurs jeunes sont déjà motivés pour un atelier avec l’artiste. Nombreux sont aussi ces passants ou visiteurs qui n’hésitent pas à faire des escales pour faire des photos ou selfies avec les œuvres de l’artiste.
De retour au Brésil, Alexandre veut continuer à travailler sur les favelas dans son pays où il a déjà fait beaucoup de réalisations. Il projette également de retourner à Tiébélé au Burkina Faso en 2025 où il compte réaliser des ateliers de formations pour les jeunes qui s’intéressent à l’art. «J’ai maintenant une idée sur le Burkina Faso. Je compte y revenir. J’ai appris qu’il fera plus chaud pendant la période à laquelle je reviendrai. Mais je vais me préparer psychologiquement pour affronter tout ça», lance Keto avant de repartir avec de bons souvenirs de son séjour au Burkina Faso.
Par Abatidan Casimir Nassara